La chronique de l’absurde
A L’OMBRE DES CONTROLES
Les réalités sont parfois dures à comprendre, et encore plus difficiles à admettre. Pourtant, c’est un fait : à Mayotte, pour pouvoir se sentir réellement chez soi en échappant aux contrôles d’identité, il est préférable d’être blanc. La récente aventure de Johann vient nous le rappeler.
Ce mardi 16 mars, il monte dans un taxi brousse pour se rendre au travail. Sur la route, le véhicule est arrêté par la gendarmerie qui souhaite procéder à un contrôle d’identité. La suite, il la raconte lui-même : « rapidement, les situations se ‘compliquées’ s’enchainent : photocopies, absences totale des justificatifs, etc. Arrivant alors à mon tour, il s’avère que je n’ai aucun document pour justifier mon identité. Ma sommaire explication (« Je n’ai pas mes papiers ») ne pose apparemment de problème au militaire qui passe directement aux vérifications des passagers suivants qui, tout comme le taximan, s’en offusquent. »
Précision importante : le narrateur est le seul blanc du taxi, et également le seul à bénéficier du vouvoiement. Les passagers s’agitent, pestent contre cette injustice. Mais un gendarme explique le pourquoi du comment : en fait, il s’agit d’un « contrôle de papiers pour les sans-papiers »… Cette justification, c’est bien naturel, ne convainc personne. Si bien que les gendarmes, qui ont déjà rempli la moitié de leur panier à salade avec les autres passagers, se sentent finalement obligés de sortir Johann à son tour. Pour l’embarquer, comme les autres ? Fichtre non ! D’abord ils insistent : « Vous n’avez vraiment rien pour justifier votre identité ? » Malheureusement, non, Johann n’a rien sur lui. Face à l’agitation que crée la situation, les gendarmes sont donc obligés d’aller plus loin. « Logiquement, on doit toujours pouvoir justifier de son identité sur le territoire français », lui fait savoir un agent, bien obligé de lui signaler, malgré lui, son interpellation. Mais celle-ci ne durera pas longtemps. Et Johann ne montera pas dans le panier à salade comme les autres, les noirs. Dès que le taxi est reparti, il pourra s’en aller, lui glisse le gendarme à voix basse. Et effectivement, quelques minutes plus tard, il n’avait qu’à attendre un autre taxi.
Quelques jours après cet épisode, il nous écrit « N’ayant que simplement signifié mon malaise face à cette situation et au traitement global de la question de l’immigration clandestine à Mayotte, je témoigne à présent de mon dégoût et de mon regret de n’avoir pas exigé un traitement « normal ». Les gendarmes n’ont pas même pris la peine de relever mon identité et ont leurré Mahorais indignés et sans-papiers démunis en m’impliquant dans une combine que je rejette avec force (mais hélas avec retard) ». Désormais à Mayotte, les blancs doivent exiger qu’on exige leurs papiers. Quant aux noirs, pas de problème : ils seront toujours suspectés de ne pas être d’ici. Logique, non ?
ML
Source : http://wongo.skyrock.com/
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