COMORES 4 ILES

COMORES 4 ILES

lundi 5 juillet 2010

COMORES : Quelle souveraineté ?

A mon avis il faudrait dépasser les arrières pensées que chacun devienne derrière la revendication "souverainiste" et engager un débat sérieux sur l'indépendance du pays. Ce serait certainement la meilleure façon de célébrer le 6 juillet.
Il me semble qu'il faudrait commencer par bien mettre en relief le peu de nationalisme de la classe politique comorienne. Les intérêts partisans ont toujours primé sur l'intérêt national. D'où son incapacité à s'unir sur les grandes questions nationales, et sa tendance à ne voir dans l'appareil d'Etat qu'une machine de pouvoir (non respect des institutions et des lois, clientélisme, corruption à grande échelle, …). N'est-il pas significatif de voir certains de ses plus vieux représentants, ceux qui devraient se situer au dessus de la mêlée, s'embourber jusqu'au cou dans les tranchées du combat partisan ? Comment cette classe politique pourrait-elle dès lors parvenir à régler les grandes crises nationales ?
On l'a vu au moment de l'indépendance. Aveuglés par leurs affrontements autour du pouvoir, PASOCO, PEC, RDPC, UMMA-MRANDA, d'un coté et de l'autre les "verts" d'Ahmed Abdallah, ignorèrent le danger séparatiste. Au lieu de rechercher des compromis pour s'unir et faire face à la France, les verts crurent pouvoir passer en force et imposer leurs intérêts comme ils en avaient l'habitude tandis que l'opposition s'est mise au service d'une France irritée par les prises de position d'Ahmed Abdallah sur la loi française du 3 juillet 1975. Résultat moins d'un mois après la proclamation unilatérale de l'indépendance, l'opposition s'emparait du pouvoir ouvrant la porte du pays au mercenaire Bob Denard et inaugurant l'ère dévastateur des putschs fomentés à partir de l'étranger, ce qui devait induire un autre trait de notre "classe politique" : le regard toujours tourné vers l'étranger. La France triompha sur tous les tableaux : pouvoir s'appuyant sur ses mercenaires dans la partie dite indépendante et maintien direct à Mayotte.
On l'a encore vu en 1997 avec la crise à Ndzuani ! Face à un vrai danger de dislocation du pays, les dirigeants de premier plan du pays, du pouvoir et de l'opposition, n'ont même pas cherché à s'unir pour contrer le séparatisme. Les enjeux de pouvoir primèrent, ils conduisirent au coup d'Etat d'Azali en avril 1998 et au Nouvel Ensemble Comorien avec un nouveau drapeau comme si on changeait de pays et pas simplement de Constitution.
Et que dire de notre "classe politique" face à la question de l'île comorienne de Mayotte. Lamentable, honteux. Comment comprendre et accepter que sur cette grande question nationale, la classe politique ne se soit jamais unie pour défendre l'intégrité territoriale du pays ? Pire encore comment tolérer que la plupart, pour ne pas dire tous, des dirigeants de premier plan du pays ont à un moment ou à un autre fait allégeance au pays qui occupe Mayotte ? Certains considèrent même le soutien de la France comme un atout entre leurs mains et s'en gargarisent. Les jeunes loups qui surgissent inscrivent leurs actions dans ce sillage. Summum de la honte, le pays qui nous balkanise, qui est responsable de la mort de plusieurs milliers de nos ressortissants, est officiellement érigé en pays ami, le premier pays ami nous assène-t-on. Ses ambassadeurs se comportent chez nous comme les dignes continuateurs de l'administration coloniale, faisant même des tournées dans les régions du pays, parlant même de proximité avec les masses, sans qu'aucun représentant de l'Etat n'ait rien à y redire. Notre nation est traînée dans la boue par ses dirigeants de tous les bords, et en conséquence peine à s'affirmer.
Notre nation doit donc être d'autant plus reconnaissante à l'Union Africaine qui est à son chevet depuis 1997 et qui malgré les interférences françaises joue un rôle globalement positif. Si le Nouvel Ensemble Comorien créé pose tant de problème avec sa Constitution ubuesque et son nouveau drapeau, la responsabilité principale doit être endossée par la partie comorienne qui a cautionné le projet, même à reculons, et a conduit le peuple à l'adopter. Ceux qui mettent en épingle les échecs de l'Union Africaine devraient au moins se souvenir des élections présidentielles transparentes de 2002 et du débarquement à Ndzuani contre les séparatistes. En fait l'Union Africaine est encore là à la fin du mandat de Sambi comme il était là à la fin du mandat d'Azali.
Il faudra donc attendre une nouvelle race de dirigeants pour assurer réellement la souveraineté de notre pays, petit pays insulaire et pauvre, dans les conditions d'un monde globalisé. Les patriotes qui n'ont pas tourné le dos au combat se doivent s'y pencher et l'éclairer.
Pour l'heure il s'agit de faire respecter et appliquer l'accord au forceps obtenu par l'Union Africaine, batailler pour des élections transparentes et espérer que le pays rompra avec le passé calamiteux des dirigeants corrompus et sans âme patriotique.
Idriss Mohamed Chanfi
Source : http://wongo.skyrock.com/

Aucun commentaire: