"Tout n’est pas perdu ! Même si, comme je l’imagine, l’Ag est très formaliste, le gouvernement comorien dispose encore d’une large marge de manoeuvre. Il ne nous reste plus qu’à demander instamment à notre gouvernement de ne ménager aucune peine pour élaborer un avant projet de résolution, le confirmer au Bureau, réunir autour du projet la majorité requise. Certes, nous ne sommes qu’à un mois de la session, mais si nous nous y mettons dès maintenant, nous y arriverons. Surtout si nous unissons nos efforts. Nous ne sommes pas le Ministère des Affaires Etrangères. Mais nous devons l’aider". Par Ali Abdou El-Aniou*
Des lecteurs m’ont posé des questions sur “ La bonne question”. Certains l’ont fait sur le blog, d’autres par téléphone, ou via mon adresse mail. Je vais essayer, ici, de répondre brièvement à tous. Sauf à celui qui se demande pourquoi le Comité maorais a félicité le gouvernement. Celui-là ouvre en effet un débat qui mérite une place à part, et que si vous le voulez bien, nous pourrons entamer dans un prochain entretien. Le mail de M. Ali Mohamed publié dans le blog et que le lecteur trouvera sous l’article du 30 juillet résume assez bien les points que nous reprenons ici : deux essentiellement à savoir le non respect des formes prescrites entraînera-t-il obligatoirement le retrait de la question de l’ordre du jour de l’Ag? Et le mépris par la France des multiples résolutions des Nations unies entraînera-t-il des sanctions à l’encontre de cette puissance dominatrice? La réponse à ces deux questions tient en une seule phrase : L’assemblée générale des Nations unies n’est pas une juridiction. Si c’était une juridiction, je vous dirais sans hésiter que la “requête” est irrecevable pour n’avoir pas été présentée dans les formes requises. Il s’agit d’une institution politique dont j’ignore le fonctionnement mais qui semble attacher une importance particulière à la procédure et aux usages si j’en crois son règlement intérieur. Tout dépend de la rigueur dont elle fait preuve dans l’application des textes qui la régissent. Cela dit, il n’est pas difficile d’imaginer le sort de cette petite note verbale qui semble avoir été présentée à contrecoeur : sans rapport, sans projet de résolution, je ne vois pas où peuvent aboutir ces trois petites lignes... Je pense que les délégations les plus polies ne leur accorderont que quelques secondes d’attention. Il ya ceux qui ne savent pas où se trouvent les Comores, il ya ceux qui ne se souviennent plus, il y a ceux qui savent où se situe Mayotte mais qui ne voient pas le problème, ceux qui ne comprendront pas cet obscur et brusque regain d’intérêt, il y a ceux qui sur leur siège, “sauteront de plaisir comme des cabris”, pour reprendre le propos de l’un de leurs présidents, ceux qui riront sous cape, ceux qui riront sans se gêner etc. Et notre président, au milieu de ces rires, comment va-t-il soutenir sa demande de “mise en location de Mayotte” qu’il dit avoir demandé à Fillon ou à Sarkosy, (je ne sais plus,) comment pourra-t-il mettre en location une terre sans titre foncier, sans plan croquis et dont on ignore tout? On aurait tort de sourire. Il l’a réaffirmé. Solennellement le jour de notre fête nationale le 6 juillet 2009 en même temps qu’il proclamait tout aussi solennellement un deuil national. Quelques heures plus tard, il rencontrait Fillon, le Premier ministre français, à Moroni. On ne sait pas ce qu’ils se sont dits, mais il est probable qu’il a été question de Mayotte. J’ai bien peur qu’il y ait un troisième deuil en septembre prochain quand s’ouvrira la 64 ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, j’ai bien peur que l’examen de la question soit renvoyé une fois de plus aux calendes grecques. J’en arrive à la seconde question : que risque la France? Pas grand chose ! Je le répète : l’assemblée générale n’est pas une juridiction ! Ni ses résolutions ni ses recommandations n’ont d’effet contraignant sur les Etats membres. A vrai dire, même si elle en était une, le gouvernement français ne se sentirait pas obligée de tenir compte de la décision, si décision il y avait ! Comme d’habitude, quel que soit le résultat, elle fera un pied de nez joyeux à une assemblée générale qui n’a finalement qu’un pouvoir consultatif. Néanmoins, il est évident qu’une résolution de condamnation semblable à celles qui ont été prises et qui ont condamné le gouvernement français pour son occupation des terres comoriennes serait très, très mal venue à l’Elysée. Sarkosy ne tient pas du tout à avoir un second malaise vagal. Il n’aime pas la contradiction, c’est bien connu. Il a tout fait pour qu’il n’y ait rien ni personne sur le chemin de la francisation de Mayotte. Il a tenu à ce que toute l’accélération possible, à tous les niveaux, soit imprimée au mouvement de la départementalisation. Il a réussi et, jusqu’ici, il n’a entendu aucune voix officielle discordante. Si les Nations unies le dénonçaient brusquement, il en aurait mal au ventre. Ou en tout cas beaucoup plus qu’un vulgaire malaise lipothymique. Un gouvernement comorien qui voudrait vraiment négocier aurait là une carte importante entre ses mains. Il aurait au moins deux tiers des membres des Nations unies avec lui… Et c’est pourquoi mon optimisme stupide ne désarme pas : J’engage notre représentant à l’Onu ou, pour reprendre la formule chère aux politicards, “je saisis cette occasion dorée” pour inviter, donc, notre Représentant aux Nations unies à prendre attache d’extrême urgence avec le bureau de l’assemblée qui doit préparer l’ordre du jour définitif (articles 40 à 44 du règlement intérieur). Il en a le droit en vertu de l’article 43. (Article 43 du règlement intérieur : Tout membre de l’assemblée générale qui n’est pas représenté au bureau et qui a demandé l’inscription d’une question à l’ordre du jour a le droit d’assister à toute séance du bureau au cours de laquelle sa demande est examinée et peut participer sans droit de vote au débat de cette question). Vous voyez que tout n’est pas perdu ! Même si, comme je l’imagine, l’Ag est très formaliste, le gouvernement ; comorien dispose encore d’une large marge de manoeuvre. Il ne nous reste plus qu’à demander instamment à notre gouvernement de ne ménager aucune peine pour élaborer un avant projet de résolution, le confirmer au Bureau, réunir autour du projet la majorité requise. Certes, nous ne sommes qu’à un mois de la session, mais si nous nous y mettons dès maintenant, nous y arriverons. Surtout si nous unissons nos efforts. Nous ne sommes pas le Ministère des Affaires Etrangères. Mais nous devons l’aider. Envoyer par exemple toute suggestion à notre ambassadeur à New york qui y travaille dans les conditions que l’on sait. Eventuellement toucher les pays amis. Faire tout le travail de coulisse sans lequel évidemment nous ne gagnerons pas. A ces conditions, la 64 ème session pourrait être la session de la Renaissance. *Avocat
Source : Al-watwan N° 1373 du 06 août 2009
Voir ici : http://wongo.skyrock.com/
Des lecteurs m’ont posé des questions sur “ La bonne question”. Certains l’ont fait sur le blog, d’autres par téléphone, ou via mon adresse mail. Je vais essayer, ici, de répondre brièvement à tous. Sauf à celui qui se demande pourquoi le Comité maorais a félicité le gouvernement. Celui-là ouvre en effet un débat qui mérite une place à part, et que si vous le voulez bien, nous pourrons entamer dans un prochain entretien. Le mail de M. Ali Mohamed publié dans le blog et que le lecteur trouvera sous l’article du 30 juillet résume assez bien les points que nous reprenons ici : deux essentiellement à savoir le non respect des formes prescrites entraînera-t-il obligatoirement le retrait de la question de l’ordre du jour de l’Ag? Et le mépris par la France des multiples résolutions des Nations unies entraînera-t-il des sanctions à l’encontre de cette puissance dominatrice? La réponse à ces deux questions tient en une seule phrase : L’assemblée générale des Nations unies n’est pas une juridiction. Si c’était une juridiction, je vous dirais sans hésiter que la “requête” est irrecevable pour n’avoir pas été présentée dans les formes requises. Il s’agit d’une institution politique dont j’ignore le fonctionnement mais qui semble attacher une importance particulière à la procédure et aux usages si j’en crois son règlement intérieur. Tout dépend de la rigueur dont elle fait preuve dans l’application des textes qui la régissent. Cela dit, il n’est pas difficile d’imaginer le sort de cette petite note verbale qui semble avoir été présentée à contrecoeur : sans rapport, sans projet de résolution, je ne vois pas où peuvent aboutir ces trois petites lignes... Je pense que les délégations les plus polies ne leur accorderont que quelques secondes d’attention. Il ya ceux qui ne savent pas où se trouvent les Comores, il ya ceux qui ne se souviennent plus, il y a ceux qui savent où se situe Mayotte mais qui ne voient pas le problème, ceux qui ne comprendront pas cet obscur et brusque regain d’intérêt, il y a ceux qui sur leur siège, “sauteront de plaisir comme des cabris”, pour reprendre le propos de l’un de leurs présidents, ceux qui riront sous cape, ceux qui riront sans se gêner etc. Et notre président, au milieu de ces rires, comment va-t-il soutenir sa demande de “mise en location de Mayotte” qu’il dit avoir demandé à Fillon ou à Sarkosy, (je ne sais plus,) comment pourra-t-il mettre en location une terre sans titre foncier, sans plan croquis et dont on ignore tout? On aurait tort de sourire. Il l’a réaffirmé. Solennellement le jour de notre fête nationale le 6 juillet 2009 en même temps qu’il proclamait tout aussi solennellement un deuil national. Quelques heures plus tard, il rencontrait Fillon, le Premier ministre français, à Moroni. On ne sait pas ce qu’ils se sont dits, mais il est probable qu’il a été question de Mayotte. J’ai bien peur qu’il y ait un troisième deuil en septembre prochain quand s’ouvrira la 64 ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, j’ai bien peur que l’examen de la question soit renvoyé une fois de plus aux calendes grecques. J’en arrive à la seconde question : que risque la France? Pas grand chose ! Je le répète : l’assemblée générale n’est pas une juridiction ! Ni ses résolutions ni ses recommandations n’ont d’effet contraignant sur les Etats membres. A vrai dire, même si elle en était une, le gouvernement français ne se sentirait pas obligée de tenir compte de la décision, si décision il y avait ! Comme d’habitude, quel que soit le résultat, elle fera un pied de nez joyeux à une assemblée générale qui n’a finalement qu’un pouvoir consultatif. Néanmoins, il est évident qu’une résolution de condamnation semblable à celles qui ont été prises et qui ont condamné le gouvernement français pour son occupation des terres comoriennes serait très, très mal venue à l’Elysée. Sarkosy ne tient pas du tout à avoir un second malaise vagal. Il n’aime pas la contradiction, c’est bien connu. Il a tout fait pour qu’il n’y ait rien ni personne sur le chemin de la francisation de Mayotte. Il a tenu à ce que toute l’accélération possible, à tous les niveaux, soit imprimée au mouvement de la départementalisation. Il a réussi et, jusqu’ici, il n’a entendu aucune voix officielle discordante. Si les Nations unies le dénonçaient brusquement, il en aurait mal au ventre. Ou en tout cas beaucoup plus qu’un vulgaire malaise lipothymique. Un gouvernement comorien qui voudrait vraiment négocier aurait là une carte importante entre ses mains. Il aurait au moins deux tiers des membres des Nations unies avec lui… Et c’est pourquoi mon optimisme stupide ne désarme pas : J’engage notre représentant à l’Onu ou, pour reprendre la formule chère aux politicards, “je saisis cette occasion dorée” pour inviter, donc, notre Représentant aux Nations unies à prendre attache d’extrême urgence avec le bureau de l’assemblée qui doit préparer l’ordre du jour définitif (articles 40 à 44 du règlement intérieur). Il en a le droit en vertu de l’article 43. (Article 43 du règlement intérieur : Tout membre de l’assemblée générale qui n’est pas représenté au bureau et qui a demandé l’inscription d’une question à l’ordre du jour a le droit d’assister à toute séance du bureau au cours de laquelle sa demande est examinée et peut participer sans droit de vote au débat de cette question). Vous voyez que tout n’est pas perdu ! Même si, comme je l’imagine, l’Ag est très formaliste, le gouvernement ; comorien dispose encore d’une large marge de manoeuvre. Il ne nous reste plus qu’à demander instamment à notre gouvernement de ne ménager aucune peine pour élaborer un avant projet de résolution, le confirmer au Bureau, réunir autour du projet la majorité requise. Certes, nous ne sommes qu’à un mois de la session, mais si nous nous y mettons dès maintenant, nous y arriverons. Surtout si nous unissons nos efforts. Nous ne sommes pas le Ministère des Affaires Etrangères. Mais nous devons l’aider. Envoyer par exemple toute suggestion à notre ambassadeur à New york qui y travaille dans les conditions que l’on sait. Eventuellement toucher les pays amis. Faire tout le travail de coulisse sans lequel évidemment nous ne gagnerons pas. A ces conditions, la 64 ème session pourrait être la session de la Renaissance. *Avocat
Source : Al-watwan N° 1373 du 06 août 2009
Voir ici : http://wongo.skyrock.com/